Le fait que le système d'enregistrement permanent des événements démographiques à l'état civil fonctionne mal en Afrique subsaharienne explique que la plupart des données exploitées par les chercheurs proviennent des enquêtes démographiques (quelles soient à passage unique ou à passages répétés). Mais ces données sont souvent entachées d'erreurs de déclaration non négligeables, et il faut alors recourir à l'estimation indirecte de la mortalité.
Mais toutes les approches d'estimation de la mortalité adulte (qu'il s'agisse de son estimation directe ou de son estimation indirecte) reposent sur des concepts et des hypothèses (implicites ou explicites) qui ne transcendent pas les cultures. C'est ainsi que ces concepts et hypothèses sont exposés à d'importantes perturbations culturelles qui ne sont pas sans conséquences sur la fiabilité des estimations de la mortalité en Afrique noire. Ce texte attire l'attention sur ces risques et invite à les prendre en considération dans la collecte et l'analyse des données démographiques africaines en général, et plus particulièrement celles portant sur la mortalité adulte. C'est à ces conditions qu'on peut espérer une meilleure estimation de la mortalité adulte.